Oh ! Jeunesse
Je me permets de joindre pour commencer un article trouvé sur ce blog http://enkeli.tchatcheblog.com/ . C'est un hommage à, si je puis dire, "une dévouée collègue" (j'espère que ça ne t'embête pas Fiona, mais j'avais en quelque sorte envie de diffuser le message que tu souhaites toi aussi faire passer).
C'est un texte qui illustre parfaitement le sort de la condition gothique aujourd'hui, avec une sobre touche d'humour ironique, il montre en quoi la jeunesse ternit l'image romantique du gothisme. Je l'ai choisis pour débuter car ce texte nous permet de nous situer par rapport à la pathétique réalité de notre société, de permettre de lancer le débat sur les a priori aussi.
« les gothopoufs
mais merde pourquoi ça arrive ce truc ?? qui à commencé le premier ? marilyn manson ? robert smith ? europe 2 ? ? quoi qu'il en soit elle sont bien là, elles ont 15 ans, elles s'habillent en noir, se rebellent contre la "so-saille-ty", essayent de faire flipper leur parents, leurs profs, leur copine gaëlle qui à un appareil dentaire, et ont des vagues envies de "soui-saille-de". dans l'histoire ce qui leur plait, c'est le coté "je suis un modèle inaccessible pour gaëlle" (et oui, la petite gaëlle à des parents qui ont un minimum de goût et ne laissent pas faire n'importe quoi à leur fille, mais la pauvre est trop dég, elle voudrait aussi ressembler à une gothopouf, juste pour avoir une reconnaissance sociale et peut être plaire à kevin, le gothoplouc du lycée).
le moment privilégié de la gothopouf est la fête de la musique. a son age, elle ne peut pas encore faire de vrai concert de métal (là les parents ont de la jugeote bizarrement). donc tranquillou elle à jusqu'a 23 heures pour s'éclater. elle a sorti tout ses apparats de goth, le maquillage en plus marqué que d'habitude(je suis une fille hostile attention). là elle a tout le loisir de se déhancher devant un concert minable du groupe de kevin (ah tient le revoilà lui). elle remue sa tête à donf comme elle à vu sur mtv et sur les vidéos métal de son grand frère. ca l'ennuie un peu d'avoir gaëlle comme boulet avec elle, elle s'habille comme une fille à maman et elle a des boutons qu'elle peut même pas dissimuler comme toute bonne pouf qui se respecte. donc ce soir ça va être moyen pour draguer des gothoploucs de 17 ans qui ont trop le "style" avec leur bracelet à spikes acheté chez le chinois "parce-que-c'est-pas-cher-et-qu'on-a-pas-de-magasins-goths-on-vit-pas-aux-halles-les-boules". le concert minable garanti "trois accords appris par un pote" et "reprises à deux balles qui donnent envie de mourir tellement c'est nul" se termine bientôt. il est temps pour la pouf de rentrer chez elle et de faire ses devoirs. bin oué, c'est important la seconde, c'est la qu'on décide de ce qu'on veut faire de sa vie.
non je raconte tout ça car c'est du vécu. assister à un concert (peut on appeler ça un concert ?) minable, avec des vieux gars qui viennent me sortir que marduk, y a pas plus bourrin, que manson doit être appelé "reverant manson" et surtout arborer un t-shirt moisi de cradle of filth, est une chose que je ne souhaite à personne. c'est parfois dur de se dire "il faut que jeunesse se passe"
par silent assassin »
Revenons-en à mes expériences. Dans le même registre que l'idée véhiculée par le texte ci-dessus, j'ai moi-même une anecdote à conter. Il y a de cela quatre mois environ, je croisais en ville un groupe d'adolescentes d'environ 14 ans. Quel a été mon agacement, en apercevant parmi ces jeunes filles, une demoiselle perdue dans sa détresse, vêtue excessivement de noir de la tête aux pieds, exhibant des lèvres couleur nuit maquillées grossièrement. Sa tenue ne reflétait rien, hormis son mal être juvénile. Je me sentis tout d'abord furieuse contre cette jeune fille, puis en la regardant plus profondément, je me rendis compte qu'on ne voyait, en fait, sur elle que son désarroi adolescent, c'était évident, elle exposait son malheur aux yeux des autres, mais en ne se rendant nullement compte, qu'elle était à pleurer, qu'elle était ridicule. J'eus finalement pitié de cette pauvre fille.
Néanmoins, mon courroux n'en avait pas pour autant disparut ! Ce qui me révoltait concernait essentiellement l'image qu'elle donnait d'elle-même à autrui, cette jeune fille portait un masque, elle refusait de laisser fusionner ses vives émotions épicuriennes, et obligeait les traits de son visage à se crisper et à se figer, comme le ferait un acteur sur les planches. Exactement, cette fille jouait un rôle. Mais comme elle le jouait mal ! Son interprétation était si médiocre que j'en arrivais à déceler les fluctuations mal dissimulées de son jeune et grotesque esprit.
Qu'en retenir ? Tout d'abord, nous ne pouvons que nous insurger vainement contre ces puérils comportements. Mes malheureux mots seront mes armes, et j'ai conscience qu'elles atteindront les lecteurs que partiellement. La jeunesse est ainsi tragiquement faite. Parallèlement, j'aimerais que dans la "minime zone où elles touchent les lecteurs", ces lignes prêtent simplement à la réflexion. Une simple et minime réflexion. Mais une réflexion quand même.